
France Inter perd une voix emblématique : Claude Askolovitch quitte la matinale
Figure du journalisme littéraire et engagé, Claude Askolovitch quitte la matinale de France Inter à la fin de la saison, mettant un terme à huit années de revue de presse quotidienne. La station devra désormais trouver une voix capable de reprendre cet exercice emblématique.

Capture d'écran de Claude Askolovitch lors d'un passage à la matinale de France Inter I Source : Youtube
France Inter s’apprête à enregistrer un départ notable dans son équipe matinale. Le journaliste Claude Askolovitch quitte bientôt le plateau de Léa Salamé et Nicolas Demorand. Il cessera également d’assurer sa chronique quotidienne à 6h15 dans la pré-matinale présentée par Mathilde Munos.
Voix familière des auditeurs de la station publique, Claude Askolovitch tient la revue de presse de 8h47 depuis 2017. Il avait rejoint l’équipe alors que Léa Salamé et Nicolas Demorand prenaient les commandes de la matinale, après le départ de Patrick Cohen.
La revue de presse de Claude Askolovitch, caractérisée par sa rigueur, sa sensibilité à l’actualité sociale et son ton littéraire, occupait une place singulière dans cette matinale à l’audience record.
Dans un entretien à Télérama, Claude Askolovitch explique les raisons de son départ, évoquant la fatigue accumulée au fil des années :
"Si j’avais dix ans de moins, je continuerais. Car il n’y a rien de plus beau qu’une matinale radio. Mais il ne serait pas intelligent d’aller au-delà et de prendre des risques pour ma santé."
Âgé de 63 ans, il précise avoir "tenu le choc" malgré des réveils quotidiens à 2 heures du matin, cinq jours par semaine et dix mois par an.
"Je dors trois à quatre heures par nuit. J’ai pris cher… Il faut savoir être raisonnable", a-t-il confié.

Le président français et candidat à sa réélection Emmanuel Macron s'entretient avec le journaliste français Claude Askolovitch (à gauche) après avoir participé à l'émission France Inter 7/9 à la Maison de la Radio à Paris, le 4 avril 2022 I Source : Getty Images
Claude Askolovitch s’est imposé depuis près de quatre décennies comme une figure à part du paysage médiatique français. Formé à l’université Paris-Dauphine en économie, puis diplômé du Centre de formation des journalistes (CFJ) en 1985, il a construit un parcours journalistique riche, marqué par l’exigence, la curiosité et l’engagement.
Il cultive le doute, interroge les certitudes, et ne recule pas devant les sujets sensibles. Son style allie profondeur d’analyse, engagement personnel et élégance d’écriture. Il incarne une certaine idée du journalisme : humaniste, exigeant et pleinement inscrit dans les débats de son époque.
Un style qui s’est illustré entre autres par sa chronique, littéraire et engagée, mêlant actualité politique, récits sociaux et références culturelles, avec une capacité rare à capter les tensions morales du temps présent.
Son apport inestimable à la matinale de France Inter a d’ailleurs été salué mainte fois, par la direction de la radio notamment.
"Claude a réinventé la revue de presse. Avec son ton, sa chorégraphie. Il l’a convertie en exercice de style. Beaucoup d’auditeurs l’écoutent parce que c’est lui. Et certains le regardent en vidéo pour sa gestuelle !", a déclaré la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, à Télérama.
Avec le départ de Claude Askolovitch, France Inter perd bien plus qu’un chroniqueur. Elle voit s’éloigner une certaine idée du journalisme – humaniste, incarné et littéraire — et se retrouve désormais face à un enjeu délicat : désigner une nouvelle voix capable de reprendre cet exercice exigent.