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Capture d'écran I Source : x.com/politicaestereo/
Capture d'écran I Source : x.com/politicaestereo/

L'influenceur Gabriel Sarmiento abattu pendant un live stream – Ses derniers mots

Viktoriia Burenko
30 juin 2025 - 15:14

Il était jeune, il était courageux, et il avait décidé de ne plus se taire. Gabriel Jesús Sarmiento Rodríguez connu sous le pseudonyme @unleacks, 25 ans, s’était donné une mission : dénoncer la corruption et les crimes qui gangrènent son pays. Mais ce combat acharné lui a coûté la vie.

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Le mercredi 26 juin 2025, dans une scène aussi brutale que glaçante, Gabriel a été tué en direct sur TikTok, alors qu’il s’adressait à ses abonnés depuis son domicile situé dans le quartier El Piñonal, dans l’État d’Aragua, au Venezuela.

Quelques heures plus tard, la vidéo circule sur d’autres comptes. On y découvre que la voix féminine était celle de sa mère, elle aussi blessée d’une balle à l’abdomen. Gabriel, lui, aurait été atteint d’au moins neuf projectiles, selon les médias locaux. Les images choquent, bouleversent, provoquent une vague d’indignation dans tout le pays.

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Car Gabriel n’était pas un influenceur comme les autres. Informaticien de formation, il avait mis son savoir-faire au service de la vérité. Depuis plusieurs mois, il utilisait les réseaux sociaux pour dénoncer, avec une rare audace, les liens présumés entre certaines forces de police et des organisations criminelles redoutées au Venezuela, notamment le Tren de Aragua et le Tren del Llano. Dans ses vidéos, il pointait nommément des agents qu’il accusait de faire partie de ces réseaux mafieux, sans jamais flancher malgré les menaces croissantes.

Il avait même été incarcéré pendant quinze jours dans la prison de La Morita, à Maracay, un centre connu pour ses conditions de détention inhumaines. Selon ses dires, cette détention n’était qu’une tentative de le faire taire.

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

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Il a également révélé avoir reçu des menaces provenant de l'intérieur de la prison après avoir été relâché, accusant le gang Tren de Aragua d’être à l'origine de ces menaces et a affirmé que ses membres, de connivence avec des fonctionnaires corrompus, étaient responsables de sa détention.

Dans l’une de ses dernières vidéos, il a évoqué directement Niño Guerrero, le chef en fuite du Tren de Aragua, introuvable depuis l’assaut militaire de 2023 sur la prison de Tocorón. Cette prison, autrefois considérée comme le quartier général du groupe criminel, avait été officiellement « reprise » par l’État, mais Gabriel, comme beaucoup d’autres, doutait de la réalité du démantèlement.

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

Le jeune homme n’hésitait pas à taguer les comptes officiels des hauts responsables de l’État dans ses publications, notamment Diosdado Cabello, le ministre de l’Intérieur, ou encore Johana Sánchez, gouverneure de l’État d’Aragua.

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Sa dernière vidéo était, elle, insoutenable. Au début du direct, Gabriel semble inquiet mais déterminé. Il répète plusieurs fois l’adresse de son domicile, comme un ultime SOS : « El Piñonal, rue JJ Montesinos ». À ses côtés, une voix féminine, déchirante, appelle à l’aide. Puis, l’irruption. Un groupe d’hommes armés fait exploser la porte. La caméra bouge violemment, on entend des cris, des coups de feu, puis l’image se fige sur les visages des agresseurs. L’un d’eux tire à bout portant. Deux coups. Gabriel hurle : « Ils m’ont tiré dessus ». La diffusion s’arrête.

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

Capture d'écran I Source : x.com/EmmaRincon/

Après le drame, le procureur général Tarek William Saab a annoncé l’ouverture d’une enquête, mais beaucoup redoutent déjà que l’enquête n’aboutisse jamais, comme tant d’autres avant elle.

Gabriel n’est pas un cas isolé. En Amérique latine, les meurtres diffusés en direct deviennent une tendance aussi macabre qu’alarmante. Récemment, les assassinats de Valeria Márquez au Mexique et de María José Estupiñán en Colombie ont également été retransmis en direct.

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