
"J'ai encore huit semaines" : Les derniers jours de Thierry Ardisson capturés dans un documentaire bouleversant depuis son lit d'hôpital
Le 16 juillet 2025, deux jours seulement après le décès de Thierry Ardisson, TF1 a diffusé un documentaire d’une rare intensité : La face cachée de l’homme en noir. Réalisé par sa femme, la journaliste Audrey Crespo-Mara, cette vidéo de deux heures offre un regard sans filtre sur l’homme derrière le personnage public qui a marqué la télévision française avec ses interviews incisives et son ton unique.
Ce documentaire ne se contente pas de retracer la carrière impressionnante de Thierry Ardisson. Il plonge surtout dans les coulisses de son intimité, dévoilant un homme plus vulnérable, plus humain, mais toujours lucide et philosophe malgré le cancer de foie, dont il est atteint depuis 2012.
Dès les premières minutes, les téléspectateurs sont confrontés à des images tournées à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, où il a été soigné. Dans ces séquences, on découvre l’animateur emblématique vêtu d’une blouse d’hôpital, allongé sur une table d’examen, recevant les nouvelles de son oncologue.
Loin de cacher sa réalité médicale, il s’en empare avec dignité et franchise. Une scène datant du 20 décembre 2024 montre notamment le médecin l’informant que son nodule hépatique est resté stable, avec Thierry Ardisson commentant en voix off : "Je suis devenu très féru de ma maladie. Je sais exactement ce que j’ai. Je sais exactement ce que font les traitements."
Mais cette acceptation ne rime pas avec résignation. Thierry Ardisson garde son sens de l’humour intact, même au cœur de l’adversité. À la fin d’une endoscopie filmée, il confie, légèrement groggy : "Ça vous ramène bien dans la réalité l’hôpital je trouve." Il explique que ce retour au réel est nécessaire pour quelqu’un comme lui, habitué aux mondanités et à une vie privilégiée. Pour autant, il avoue une seule peur : "Que ça s’emballe. Il suffirait que d’un seul coup la maladie explose pour que j’en aie pour six mois."
L’un des moments les plus poignants du documentaire survient lorsqu’il évoque ce que la maladie a changé en lui. Le combat contre le cancer semble l’avoir rapproché de l’essentiel : les plaisirs simples, les liens familiaux, la sincérité des émotions. "Depuis que j’ai cette maladie, je prends beaucoup plus de plaisir dans les choses simples, voir les gens que j’aime", confie-t-il, la voix chargée d’émotion.
En mars 2025, de nouvelles images sont tournées à l’occasion d’une IRM de contrôle. Si le foie semble stable, une mauvaise nouvelle tombe : des nodules sont désormais présents dans les poumons. Dans un mélange de gravité et de dérision, Thierry Ardisson, qui "croyait dans la bonne étoile", tente de relativiser :
"Donc le foie va bien, maintenant ce sont les poumons. Il y a des rebondissements, c’est comme dans les films." Un humour noir typique de l’homme en noir, qui jusqu’au bout aura gardé son regard lucide et son esprit caustique.
La dernière scène du documentaire, particulièrement déchirante, le montre auprès de sa compagne, qui l’avait toujours soutenu dans cette épreuve difficile, et avec qui il partage ses ultimes réflexions.
"Je ne vais pas mourir tout de suite. Ne t’en fais pas, j’ai encore huit semaines", déclare-t-il.
Une phrase simple, presque anodine, mais terriblement bouleversante au regard des circonstances. Elle résonne aujourd’hui comme un adieu empreint de tendresse et de courage.