
Affaire Jubillar : l’accusé conteste avoir confessé le meurtre à sa dernière compagne
Les révélations dramatiques continuent de marquer le dossier hors norme de l'affaire Jubillar. À deux mois du procès de Cédric Jubillar, son ex-compagne Justine affirme avoir recueilli ses aveux d’étranglement de Delphine. L’accusé dément.
Alors que le procès de Cédric Jubillar approche à grands pas, les révélations s’accumulent et les versions s’opposent. L’une des plus lourdes vient de Justine, son ex-compagne, qui affirme avoir recueilli ses aveux lors de plusieurs visites au parloir. Mais l’accusé, lui, rejette en bloc ces accusations.
« Cédric Jubillar dément catégoriquement avoir fait la moindre confession à cette femme. Il ne lui a jamais tenu de tels propos », a déclaré à l’AFP, son avocat, Me Alexandre Martin, le vendredi 25 juillet 2025.

Une photo prise le 17 janvier 2022 montre des bougies et des fleurs devant la maison de Cédric et Delphine Jubillar (portrait) à Cagnac-les-Mines I Source : Getty Images
Pourtant, face aux enquêteurs, l’ancienne compagne de l’accusé soutient une tout autre version. Selon elle, le peintre-plaquiste, incarcéré pour le meurtre de son épouse Delphine, lui aurait avoué être l’auteur de l’étranglement. Incarcéré depuis 2021, Cédric, n’a, notons-le, jamais reconnu les faits.
Prise malgré elle dans le tourbillon d’un drame devenu affaire d’État, Justine a été entendue le mercredi 23 juillet 2025, à deux mois du procès tant attendu. Face aux enquêteurs, elle a brisé le silence. elle a parlé. Et ce qu’elle a raconté a glacé la pièce.
Car ce jour-là, Justine n’était plus seulement une compagne. Elle est devenue témoin. Peut-être même le chaînon manquant de cette enquête tentaculaire. Ses mots, recueillis par la justice, sont lourds. Chargés de détails, d’images, de gestes mimés qui ne laissent plus place au doute.

Les avocats français de Cédric Jubillar, Alexandre Martin (à gauche) et Emmanuelle Franck (à droite), sortent du palais de justice de Toulouse, dans le sud de la France, le 16 novembre 2021, après la disparition de Delphine Jubillar en décembre 2020 I Source : Getty Images
Le parloir du mois d’avril
Tout a commencé en avril, dans l’intimité feutrée d’un parloir carcéral. Un moment que Justine n’oubliera jamais. Elle s’était décidée à poser la question interdite. Celle qui brûlait ses lèvres depuis trop longtemps.
« Je lui ai demandé clairement si c'était lui qui avait tué Delphine », a-t-elle confié, selon BFMTV. Cédric Jubillar, derrière la vitre, aurait hoché la tête. Oui. C’était lui. Puis, d’un bras levé, il aurait reproduit le geste fatal : celui de l’étranglement. « Il m'a répondu par l’affirmatif. Il m'a dit qu'il l'avait étranglée et en même temps il a fait le geste sur lui en mettant son bras autour de son cou », a assuré Justine.
Dans la nuit glaciale du 15 au 16 décembre 2020, Delphine Jubillar s’est volatilisée. Cette infirmière de 33 ans, mère de deux jeunes enfants, n’a plus donné signe de vie depuis cette date fatidique, plongeant le paisible village de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, dans un cauchemar éveillé.

Les collègues et les proches de Delphine Jubillar, disparue en décembre 2020, brandissent une banderole avec sa photo et l'inscription « Nous ne t'oublions pas » lors d'un rassemblement à Albi, dans le sud de la France, le 12 juin 2021 I Source : Getty Images
Depuis ce jour funeste, les recherches, les fouilles, les interrogatoires se sont multipliés. Mais le corps de Delphine n’a jamais été retrouvé. Pourtant, dans cette énigme judiciaire où tout semble manquer — ni corps, ni aveux, ni témoin oculaire, ni scène de crime identifiable, ni preuve matérielle indiscutable — une seule certitude habite les enquêteurs : celle que Cédric Jubillar a tué sa femme Delphine.
Une conviction renforcée par le contexte brûlant d’un couple en rupture, et surtout par cette annonce que Delphine avait faite à son époux avant de disparaitre : elle voulait divorcer. Une thèse confirmée par la dernière compagne du suspect.
D’après Justine, le mobile de Cédric serait directement lié à la séparation imminente. Ce qui l’aurait fait basculer, ce sont les tensions autour de l’adultère supposé de Delphine, la perspective de perdre la garde des enfants, et celle, tout aussi insupportable pour lui, de devoir abandonner la maison familiale.

Une photo prise le 24 janvier 2022 montre des bougies et des fleurs déposées devant la maison de Delphine (portrait) et Cédric Jubillar à Cagnac-les-Mines, alors que des recherches sont menées dans la région pour retrouver le corps de l'infirmière de 33 ans disparue en France en décembre 2020 I Source : Getty Images
Un meurtrier sans remords ?
Selon Justine, il ne s’est pas arrêté là. Comme pris dans une sinistre confession, Cédric aurait avoué à sa dernière compagne qu’il s’était débarrassé de la doudoune blanche de Delphine en la brûlant ainsi que des vêtements lui appartenant et ceux qu'il portait au moment du meurtre. Des mots clairs, précis, presque méthodiques. Comme ceux d’un homme qui aurait planifié, exécuté, puis effacé.
Mais ce n’est pas tout. Toujours selon BFMTV, Justine a affirmé que Cédric lui aurait aussi confié que, là où il l’a laissée, « il ne restait que les os. » Une phrase terrible, froide. Il aurait également vanté le fait que « rien ne pouvait le relier à lui comme étant l'auteur du meurtre de sa femme. »
Par ailleurs, le meurtre n’aurait rien eu de spontané. Tout au contraire, le projet aurait été longuement prémédité. Selon le récit de Justice, Cédric Jubillar aurait même repéré, un mois avant les faits, l’endroit précis où il comptait dissimuler le corps, au gré de ses trajets professionnels. Un lieu qualifié lui-même de « loufoque » par l’accusé, d’après sa dernière compagne.

Des soldats français d'une unité spéciale participent aux recherches menées le 24 janvier 2022 près de Cagnac-les-Mines pour retrouver le corps de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans disparue en France en décembre 2020 I Source : Getty Images
« Se faire appeler en prison le magicien parce qu'il a fait disparaitre sa femme (...) ça le fait beaucoup rigoler», a signalé Justine.
Ce qui choque le plus dans ce témoignage, ce n’est pas seulement la violence des faits évoqués. C’est l’attitude. L’insolence. L’arrogance.
Selon Justine, loin d’être accablé par la culpabilité, Cédric Jubillar semblait au contraire s’enorgueillir de son geste. Il en riait. Il s’en vantait. « Si tu me trompes, tu vas finir à côté d'elle, puis il a rigolé », a ajouté Justine.
Un crime méthodique
Les confidences de Cédric ne se limitent pas à une simple confession. Il aurait raconté en détail, à Justine, ce qui s’est passé cette nuit-là. Au moment de mourir, Delphine se serait urinée dessus. Puis, dans un calme glaçant, il aurait organisé la suite. Il aurait roulé au point mort, sans phares, jusqu’à la sortie du lotissement, avec le corps de la mère de ses enfants, dissimulé à ses côtés.

Des gendarmes français bloquent l'accès à la rue où se trouve la maison de Cédric et Delphine Jubillar à Cagnac-les-Mines, dans le sud-ouest de la France, le 13 décembre 2022, avant la reconstitution judiciaire de la soirée de la disparition de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, fin 2020 dans le Tarn I Source : Getty Images
Il lui aurait également évoqué la couette encore humide, retrouvée par les gendarmes au domicile des Jubillar, seulement quelques heures après la disparition de Delphine.
Selon les déclarations de Justine, Cédric lui aurait avoué avoir lavé cette couette non pas à cause d’un banal accident domestique, mais pour faire disparaître les traces laissées par son épouse.
Un détail sordide, que les enquêteurs n’avaient pu expliquer jusqu’alors. Car lors de l’instruction, Cédric Jubillar avait affirmé que ce lavage était dû à une urine de chien. Plus tard, il changera de version. Une variation de trop, qui n’a fait que renforcer les soupçons pesant sur lui.
Enfin, il y a cette dernière phrase. Celle qui, peut-être, résume tout. « Il m’a dit que là où est Delphine, c’est sa propriété. Son jardin secret », a souligné Justine en évoquant le lieu où le suspect aurait dissimuler le corps sans vie de son épouse.

Sur cette photo prise le 22 décembre 2020, des gendarmes français inspectent le plan d'eau de L'Endrevie à Blaye-les-Mines, dans le sud de la France, à la recherche de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, mère de deux enfants, disparue dans la nuit du 15 décembre I Source : Getty Images
Un endroit qu’il considère comme sien. Un lieu qu’il aurait choisi, façonné, où il aurait caché ce qu’il considérait comme son ultime victoire.
Selon l’AFP, Me Alogo de Obono, avocate de Justine, Cédric Jubillar aurait confié à sa cliente avoir brûlé le corps de Delphine, dans une ferme reculée, dissimulée quelque part dans un périmètre de 15 kilomètres autour de leur maison à Cagnac-les-Mines.
Une affirmation qui, si elle se confirme, pourrait donner une orientation capitale aux recherches — restées jusqu’ici vaines — et lever le dernier voile sur cette affaire qui, depuis bientôt cinq ans, hante la France.
Le procès de Cédric Jubillar s’ouvrira le 22 septembre 2025. Et il s’annonce comme l’un des plus scrutés de ces dernières décennies.