
"Triste et choquée" : Mélanie, une surveillante de 31 ans, originaire de Haute-Marne, poignardée à mort par un élève de 14 ans
Mardi 10 juin 2025, Mélanie, surveillante de 31 ans, est poignardée à mort par un élève de 14 ans au collège Françoise Dolto de Nogent. Ce drame illustre l’escalade des violences scolaires en France, où les incidents graves augmentent fortement, touchant élèves et personnel éducatif.
Les établissements scolaires, censés être des sanctuaires d’éducation et de protection, deviennent parfois le théâtre d’actes insoutenables. Dans la matinée de mardi 10 juin 2025, un nouveau drame est venu endeuiller la communauté éducative et bouleverser les Français.
À Nogent, en Haute-Marne, au collège Françoise Dolto, Mélanie, surveillante de 31 ans, a été poignardée à mort par un élève de 14 ans. Un acte d’une brutalité glaçante, survenu peu avant 8h30 lors d’une fouille des sacs à l’entrée de l’établissement, mesure de sécurité instaurée depuis mars dernier pour tenter de contenir la montée des violences dans les écoles. Le suspect, jusqu’alors inconnu des services de police et de gendarmerie, a été immédiatement arrêté et placé en garde à vue. Lors de son interpellation, un gendarme a été légèrement blessé à la main.
L’annonce de cette tragédie a profondément bouleversé les proches de la victime, mais aussi toute la communauté locale. Parents d’élèves, enseignants, habitants de Nogent : tous sont abasourdis par l’horreur de cet acte. Les hommages se sont d’ailleurs multipliés sur les réseaux sociaux rappelant l’optimisme et la joie de vivre de Mélanie.
"Tellement triste et choquée d’apprendre ta disparition. Tellement en colère devant autant de cruauté. Je n’oublierai jamais la personne solaire, douce et gentille que tu étais, nos années lycée, nos week-ends. J’ai une énorme pensée pour tes parents, ta famille et ton petit homme qui a l’âge du mien. Repose en paix. Et bordel, éduquez vos enfants", a écrit une de ses amies sur Facebook.
Le mobile du crime demeure encore flou, plongeant davantage les proches de Mélanie et la communauté scolaire dans l’incompréhension et l’effroi. Le ministre de l’Éducation a révélé que le jeune agresseur, pourtant délégué de classe dans le cadre du programme anti-harcèlement, avait déjà été suspendu à deux reprises pour des troubles du comportement en classe.
Mélanie, mère d’un petit garçon de 4 ans et récemment pacsée avec son compagnon, travaillait au collège depuis la rentrée 2024. Ancienne coiffeuse à Nogent, elle avait dû se reconvertir en raison de la maladie de Crohn qui l’empêchait d’exercer debout de longues heures. La victime souhaitait, également, passer plus de temps avec son enfant, Timéo.
Ce drame survient alors que la France est confrontée à une recrudescence inquiétante des violences scolaires. En avril dernier, une attaque au couteau dans une école privée dans l’ouest du pays avait fait trois blessé et coûté la vie à une adolescente.
D’après les dernières données publiées par Division des études statistiques du ministère de l’Éducation nationale (Depp), les signalements d’incidents graves dans les collèges et lycées, qu’ils soient publics ou privés, ont encore augmenté au cours de l’année scolaire 2023-2024.
Sur l’ensemble de l’année scolaire écoulée, 16 incidents graves ont été enregistrés pour 1 000 élèves, contre 14 l’année précédente. Le constat est particulièrement alarmant dans les collèges, où ce taux atteint désormais 19 incidents graves pour 1 000 élèves. En comparaison, les lycées présentent des situations contrastées : les lycées d’enseignement général et technologique enregistrent 6 incidents pour 1 000 élèves, tandis que les lycées professionnels atteignent un taux préoccupant de 23 pour 1 000 élèves.
Dans les écoles primaires (premier degré), la situation reste relativement stable, avec cinq incidents graves pour 1 000 élèves sur l’année 2023-2024, un chiffre équivalent à celui de l’année précédente. Toutefois, même dans ces classes d’âge plus jeunes, certaines formes de violence prennent racine tôt.
Parmi les multiples formes que prennent ces violences, les atteintes aux personnes restent majoritaires. Les violences verbales représentent à elles seules la moitié des incidents signalés, aussi bien dans le premier que dans le second degré. Les violences physiques sont également très présentes, représentant un tiers des cas recensés dans les collèges et lycées. Le harcèlement scolaire, sujet devenu central dans les débats publics ces dernières années, est à l’origine d’au moins un incident sur dix, tant dans les écoles primaires que dans le secondaire.
Pour ce qui est des auteurs, dans le premier degré, 65% des incidents sont commis par des élèves, mais les familles sont également impliquées dans un quart des cas. Une part qui reste marginale dans le second degré où 91% des incidents sont le fait des élèves eux-mêmes.
Les victimes de ces violences diffèrent aussi selon les niveaux scolaires. Dans le premier degré, plus de la moitié des victimes sont des membres du personnel éducatif, tandis que les élèves représentent 34% des victimes. Dans le second degré, les élèves deviennent la principale population touchée (45%), suivis de près par le personnel (38%).