
"Je ne touche à rien" : Loïs Boisson se confie sur le sort des 690 000 euros gagnés à Rolland Garros
À 22 ans, Loïs Boisson a atteint les demi-finales de Roland-Garros 2025, après des années de sacrifices. Ses 690 000 euros de gains lui offrent une bonne stabilité financière qui lui permettra de poursuivre son objectif : gagner un Grand Chelem.
À 22 ans, Loïs Boisson vient de vivre un véritable conte de fées sportif. Inconnue du grand public il y a encore quelques semaines, la joueuse niçoise s’est hissée jusqu’aux demi-finales de Roland-Garros 2025, créant la surprise et suscitant l’admiration. Si son exploit sur les courts parisiens lui ouvre désormais les portes du très haut niveau, il représente aussi un immense soulagement financier après des années de sacrifices.
Grâce à ses résultats, la Française empoche près de 690 000 euros de gains. Un chiffre vertigineux pour celle qui, quelques mois plus tôt, avait dû lancer une cagnotte en ligne afin de financer ses déplacements et ses inscriptions sur le circuit.

La Française Loïs Boisson en route vers la victoire contre Mirra Andreeva lors de leur match de quart de finale, le 11e jour de Roland-Garros, le 4 juin 2025 à Paris, en France I Source : Getty Images
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les joueurs de tennis professionnels, en particulier ceux en dehors du top 50 mondial, peinent souvent à équilibrer leurs finances. Le tennis est un sport individuel où chaque joueur doit financer lui-même son équipe — entraîneur, préparateur physique, kiné, nutritionniste — ainsi que ses déplacements, ses hébergements, ses équipements et les droits d’inscription aux tournois. Les dépenses annuelles peuvent rapidement dépasser les 200 000 euros pour un joueur professionnel moyen.
Sans sponsors ni soutien important, beaucoup de jeunes joueurs doivent recourir à des aides familiales, des prêts ou même des campagnes de financement participatif pour poursuivre leur carrière. Les gains de tournois, eux, sont fortement variables et instables : une élimination prématurée ne couvre souvent même pas les frais engagés.

La Française Loïs Boisson célèbre sa victoire contre Mirra Andreeva lors de leur match de quart de finale, le 11e jour de Roland-Garros, le 4 juin 2025 à Paris, en France I Source : Getty Images
Pour Loïs Boisson, ces 690 000 euros gagnés ne seront d’ailleurs pas un luxe personnel. « Ce n’est pas moi qui gère. Cet argent servira à payer mon équipe, mes déplacements, les frais de tournois. Moi, je ne touche à rien », a-t-elle confié dans un entretien avec Paris Match. Une déclaration qui illustre sa maturité et sa lucidité. Ces fonds lui permettront surtout de sécuriser les prochaines saisons, de renforcer son encadrement technique et médical, et de s’engager dans des compétitions internationales sans la crainte du manque de ressources.
Avec cette stabilité financière retrouvée, Loïs peut désormais se concentrer sur son objectif ultime : remporter un jour un tournoi du Grand Chelem. Et cette fois, plus rien ne semble impossible.

Loïs Boisson (France) sert contre Coco Gauff (États-Unis) lors du match de demi-finale du simple féminin, lors de la 12e journée de Roland-Garros, le 5 juin 2025 à Paris, en France I Source : Getty Images
Née à Dijon le 16 mai 2003, Loïs Boisson n’était pas destinée au tennis, au départ. C’est le basket, discipline de son père Yann Boisson, ancien basketteur professionnel, qui occupait ses jeunes années. Mais un stage en Corse va changer le cours de sa vie. Très vite, la jeune fille se passionne pour la petite balle jaune. Chaque jour après l’école, elle enchaîne les entraînements.
Pas à pas, elle progresse au sein de clubs locaux comme l’ASPTT Dijon, s’appuyant essentiellement sur le soutien familial et des ressources modestes. Les débuts professionnels sont laborieux, les résultats tardent, et surtout, le financement des déplacements, du matériel et des tournois devient un véritable casse-tête.

La Française Loïs Boisson quitte le court après avoir perdu contre l'Américaine Coco Gauff en demi-finale lors de la 12e journée de Roland-Garros, le 5 juin 2025 à Paris, en France I Source : Getty Images
En 2024, alors que sa carrière semble enfin décoller, la malchance frappe : rupture des ligaments croisés. Une blessure grave qui impose une longue rééducation et de coûteux soins médicaux. Loïs s’accroche, aidée par son entraîneur Sébastien Durand et un psychologue du sport. Cette reconstruction physique et mentale façonne la joueuse qu’elle est devenue aujourd’hui : solide, résiliente, capable de gérer la pression des grands rendez-vous.
En 2025, en participant à Rolland Garros, Loïs défie les pronostics, match après match, en éliminant notamment des joueuses du top 10 mondial comme Jessica Pegula (3e) et Mirra Andreeva (6e). Son parcours s’arrête en demi-finale face à l’Américaine Coco Gauff, mais le public est conquis. En quelques jours, Loïs Boisson devient la première joueuse française au classement WTA, atteignant la 65e place mondiale.