
Quand les likes mènent au tribunal : l’influenceuse Rym Renom condamnée pour pratiques commerciales trompeuses
Quand les likes se transforment en litiges judiciaires : Rym Renom, ex-star de la télé-réalité et influenceuse, a été condamnée pour avoir promu des produits sans transparence et vanté des pratiques risquées.
Le monde des influenceurs, longtemps perçu comme un univers de strass, de codes promo et de partenariats faciles, connaît un sérieux retour à la réalité. Derrière les filtres flatteurs et les « collaborations » payées à prix d’or, la justice commence à s’inviter dans les coulisses de ce milieu en plein essor. Après des années de croissance effrénée et de flou juridique, les influenceurs ne sont plus au-dessus des lois. Et certaines figures emblématiques en font les frais. La dernière en date : Rym Renom, ancienne candidate de télé-réalité, aujourd’hui dans la tourmente judiciaire.
Le mardi 8 juillet 2025, la justice a tranché : le tribunal correctionnel de Versailles a infligé à Rym Renom une peine d’un an de prison assortie d’un sursis probatoire de 18 mois. À cela s’ajoute une amende de 25 000 euros et une interdiction de quitter le territoire français sans autorisation préalable du juge. Un coup dur pour cette figure des réseaux sociaux, installée à Bali, en Indonésie. Sans surprise, la condamnée a fait appel du verdict.
Les faits reprochés remontent à la période de mai à novembre 2022. L’ancienne starlette de télé-réalité, suivie par une communauté de près de 1,8 million de personnes sur Instagram, est accusée d’avoir relayé plusieurs publications promotionnelles — pour des vêtements, des thés ou encore des lunettes — sans préciser qu’il s’agissait de partenariats rémunérés.
Ce manquement à la transparence constitue une infraction à la législation encadrant les pratiques commerciales sur les réseaux sociaux. Plus préoccupant encore : Rym Renom aurait recommandé des injections destinées à repulper les lèvres, effectuées par une professionnelle dépourvue de qualifications reconnues. Un geste qui, selon les juges, aurait pu mettre en danger l’intégrité physique de certains de ses abonnés.
Lors de son passage devant le tribunal, Rym Renom a été vivement interpellée par le président de l’audience, qui n’a pas hésité à souligner la gravité de ses actes : il l’a interrogée sur sa responsabilité en évoquant les conséquences dramatiques que de telles pratiques pouvaient avoir sur la santé de ses abonnés. L’influenceuse, visiblement touchée, a reconnu ses torts et exprimé des regrets, affirmant qu’elle aurait dû faire preuve de davantage de vigilance.
« Oui, je comprends totalement, j’aurais dû faire plus attention », a-t-elle reconnu à la barre.
En avril 2025, la jeune femme avait été condamnée à un an d’emprisonnement ferme, assorti d’une amende équivalente de 25 000 euros, ainsi qu’à la confiscation de 40 000 euros figurant sur ses comptes bancaires. Cette décision initiale n’avait pas été appliquée, son avocate ayant fait opposition, ce qui a entraîné l’annulation du jugement et la tenue d’un nouveau procès. La suite judiciaire s’annonce encore longue, avec une nouvelle audience prévue en 2026 dans le cadre de l’appel.
Pour son conseil, maître Mathieu, la sanction actuelle reste excessive. Il estime que la peine reste lourde, malgré l’assouplissement du verdict initial : « Nous considérons cette décision toujours trop sévère. C’est dans la continuité d’un jugement particulièrement dur. Nous avons décidé de faire appel », a-t-il déclaré.
Ce verdict n’est pas un cas isolé. Depuis quelques mois, les influenceurs sont de plus en plus nombreux à répondre de leurs actes devant les tribunaux.
En avril 2025, c’est Warda A., influenceuse et mannequin, qui a été condamnée à cinq mois de prison avec sursis pour provocation à la haine envers la communauté juive. Plusieurs de ses vidéos, particulièrement polémiques, avaient suscité l’indignation. Dans l’une d’elles, elle ironisait au sujet d’un témoignage (non confirmé) selon lequel un bébé aurait été placé dans un four par des membres du Hamas. Cette vidéo lui avait déjà valu 10 mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme en 2023.
Poursuivie pour des propos antisémites à travers différentes publications, la trentenaire aurait selon le tribunal utilisé le terme « sionistes » comme un substitut transparent pour désigner les personnes de confession juive, reprenant ainsi des « poncifs antisémites ». Son avocate a également fait appel.

Poupette Kenza assiste à la cérémonie de remise des prix du film « The Zone Of Interest » lors du 76e Festival de Cannes au Palais des Festivals, le 19 mai 2023 à Cannes, en France I Source : Getty Images
Une autre influenceuse dans la tourmente : Poupette Kenza, de son vrai nom Kenza Benchrif, suivie par plusieurs millions d’abonnés. La star du web est poursuivie pour tentative d’extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs. Selon le dossier de l’affaire qui a éclaté en 2024, elle aurait tenté de soutirer plusieurs centaines de milliers d’euros à une ancienne amie et associée, en mettant en œuvre un stratagème digne d’un thriller.
Des faits que l’influenceuse a reconnu en vaï 2025 dans un entretien accordé au Parisien. Elle et son compagnon avaient été placés en détention provisoire pendant plusieurs mois dans l’attente de leur procès.

Poupette Kenza assiste à la cérémonie de remise des prix du film « The Zone Of Interest » lors du 76e Festival de Cannes au Palais des Festivals, le 19 mai 2023 à Cannes, en France I Source : Getty Images
En attendant les appels et la suite des procédures, Rym Renom, Warda A. et Poupette Kenza incarnent une nouvelle réalité : celle d’une influence sous contrôle. Reste à savoir si cette série de condamnations servira d’exemple… ou si d’autres affaires viendront encore assombrir un monde déjà bien entaché.