
Un grand-père, son fils et sa petite-fille périssent au large de la Bretagne, sur fond d’explosion des noyades en France
Trois membres d’une même famille sont morts noyés au large des Côtes-d’Armor lors d’une sortie en mer. Ce drame survient alors que les noyades explosent en France : 429 cas depuis début juin. Les autorités alertent sur le manque de prévention et de sécurité.
Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 juillet 2025, les flots de la Manche ont englouti trois vies. Le drame s’est joué au large des Côtes-d’Armor, au nord de la Bretagne, entre Binic-Étables-sur-Mer et Saint-Quay-Portrieux. Trois membres d’une même famille, tous originaires de Saint-Brieuc, n’ont jamais regagné la terre ferme après une simple sortie en mer.

Gro plan d'une bouée de sauvetage I Photo d'illustration I Source : Getty Images
L’alerte a été donnée par des proches inquiets, aux premières heures de la nuit. Le grand-père, âgé de 71 ans, son fils de 38 ans, et sa petite-fille de seulement 13 ans, étaient partis en fin d’après-midi à bord d’un semi-rigide récemment acquis, selon Ouest-France. Le départ s’était effectué depuis le port de Binic vers 17 heures. Mais à la tombée de la nuit, aucune nouvelle, aucun retour. Le silence de l’océan devenait alors inquiétant, presque funeste.
Mobilisés dès la réception de l’alerte, les secours ont rapidement mis en place un dispositif de recherche impressionnant : deux hélicoptères – le Dragon 50 de la Sécurité civile et un appareil de la Marine nationale –, deux navires de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), un patrouilleur des douanes, et même un chalutier ont quadrillé la zone.

SUR SES CANOTS, LA SNSM REDONNE CONFIANCE A DES JEUNES EN DIFFICULTE ". Alexandre, un jeune en difficulté est à la barre du bateau de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer), le 08 mars 2007 dans la rade de Brest (Finistère), dans le cadre d'un projet destiné à favoriser son insertion I Photo d'illustration I Source : Getty Images
L'embarcation, vide, a été repérée dérivant au large d’Étables-sur-Mer. Le bateau ne contenait aucun indice, aucun espoir tangible. Puis, quelques heures plus tard, la mer a rendu les corps : d’abord ceux du grand-père et de l’adolescente, vers 7 heures du matin, au large de Saint-Quay-Portrieux ; puis celui du père, deux heures plus tard.
Malgré des tentatives de réanimation, il n’y avait plus rien à faire. Aucun des trois naufragés ne portait de gilet de sauvetage, selon les premières constatations.

Des pompiers et sauveteurs français du SDIS 56 (Service Départemental d’Incendie et de Secours) participent à un exercice de sauvetage sur la plage de Port-Louis, dans l’ouest de la France, le 8 juillet 2025 I Photo d'illustration I Source : Getty Images
La brutalité de cette tragédie familiale s’inscrit malheureusement dans un contexte plus large et tout aussi alarmant. La France connaît depuis le début de l’été 2025 une explosion des noyades. Selon le dernier bulletin de Santé publique France publié le 11 juillet 2025, entre le 1er juin et le 2 juillet, 429 noyades ont été recensées dans le pays. Ce chiffre marque une hausse spectaculaire de 95% par rapport à la même période en 2024, avec 220 cas enregistrés.
Plus dramatique encore : le nombre de décès liés à ces noyades est passé de 69 à 109, soit une augmentation de 58%. En cause, une chaleur accablante sur la seconde quinzaine de juin qui a poussé les familles, les jeunes et les vacanciers vers les plans d’eau et les côtes pour se rafraîchir — souvent sans préparation ni équipements de sécurité adaptés.

Bouée de sauveteur posée sur le sable à la plage I Photo d’illustration I Source : Getty Images
Toutes les tranches d’âges sont concernées par ce phénomène, mais les plus vulnérables restent les plus jeunes. Dix-neuf enfants et adolescents sont morts noyés depuis le début de l’été, contre huit à la même période en 2024.
Les cours d’eau, souvent perçus comme des lieux de baignade anodins, s’avèrent être les plus meurtriers. Quinze mineurs sont décédés dans une rivière ou un plan d’eau depuis le 1er juin, dont treize âgés de plus de dix ans. En 2024, seulement trois cas similaires avaient été relevés. Ces noyades représentent à elles seules 78% des décès chez les jeunes.

Une personne en train de se noyer avec la main tendue hors de l’eau I Photo d'illustration I Source : Getty Images
La mer, les rivières et les plans d’eau ne sont pas de simples décors estivaux. Ils sont aussi des pièges silencieux, exigeant respect, vigilance et préparation. Ce grand-père, ce père et cette adolescente ne cherchaient qu’un moment de liberté sur les flots. En quelques heures, l’insouciance s’est muée en tragédie irréversible.
Le parquet de Saint-Brieuc a ouvert une enquête, confiée à la gendarmerie maritime et à la brigade de Binic-Étables-sur-Mer. La piste de l’accident de mer suivi d’une noyade est, à ce stade, la seule retenue. L’intervention d’un tiers a été exclue. Le semi-rigide familial, pourtant récemment acquis, sera soumis à une série d’expertises techniques pour en évaluer la navigabilité. Selon les premiers éléments, rien ne laissait présager une défaillance immédiate. Mais la mer, elle, ne pardonne pas.