
Mort de Juliana Marins : l’autopsie accable, sa famille réclame des comptes
Juliana Marins, 26 ans, est morte après une chute sur le volcan Rinjani. L’autopsie révèle un décès rapide dû à des blessures internes. Sa famille accuse les secours indonésiens de négligence et demande une enquête au Brésil. Une action en justice internationale pourrait être envisagée pour faire éclater la vérité.
Le 21 juin 2025, le destin de Juliana Marins, 26 ans, a basculé au sommet d’un des volcans les plus majestueux d’Indonésie. Ce qui devait être une randonnée inoubliable dans les hauteurs du Mont Rinjani s’est transformé en un drame d’une rare intensité, laissant une famille brisée et des questions sans réponses. L’autopsie a révélé de nouveaux éléments donnant davantage de précisions sur les circonstances du décès de la jeune femme.
Juliana était pleine de vie, curieuse du monde, amoureuse des paysages extrêmes. Ce jour-là, elle marchait aux côtés de cinq autres randonneurs étrangers et d’un guide local, sur les sentiers escarpés du Mont Rinjani, sur l’île de Lombok. Une excursion planifiée, un défi physique dans un décor de carte postale.
Mais à l’approche du cratère, le sol meuble et l’humidité ambiante ont eu raison de son équilibre. Juliana a glissé, basculant dans le vide. Sa chute a été brutale, en deux temps : une première dégringolade d’environ 150 mètres, qui ne l’a pas tuée sur le coup. Des images captées par un drone thermique l’ont montrée, allongée, appelant à l’aide, consciente, blessée, mais toujours combative.
Cependant, la montagne n’a pas laissé la vie sauve à la jeune femme. Le terrain instable, les sables mouvants et un brouillard épais ont retardé l’arrivée des secours. L’équipe de sauvetage, confrontée à des conditions météorologiques critiques, n’a pu progresser rapidement.
Le lendemain, alors que Juliana était toujours coincée au fond d’un ravin, elle a chuté une seconde fois, cette fois sur près de 450 mètres supplémentaires. Ce dernier effondrement, survenu le 23 juin, lui aura été fatal.
Son corps n’a été localisé que le 24 juin. Il gisait au bord du cratère. Les secouristes ont mis plus de six heures à l’évacuer à pied, faute de pouvoir utiliser un hélicoptère. Juliana a été déclarée morte sur place.
Selon la presse brésilienne, l’autopsie a confirmé les craintes de proches de la jeune femme : Juliana est morte des suites d’une hémorragie interne massive, causée par de multiples traumatismes osseux et organiques.
« Presque toutes les parties de son corps ont subi un traumatisme », a déclaré le Dr Ida Bagus Putu Alit, médecin légiste.
Juliana aurait succombé à ses blessures en moins de vingt minutes. L’hypothermie a été exclue comme cause du décès, selon le rapport de la légiste.
Pour ses proches, la mort de Juliana n’est pas uniquement le fruit du hasard ou d’une chute accidentelle. C’est, selon eux, le résultat d’un enchaînement de défaillances, et surtout d’un manque cruel de transparence.
D’après les informations recueillies par la famille, les secours n’ont jamais pu atteindre Juliana à temps. Les autorités indonésiennes ont assuré le contraire, diffusant des vidéos sur les réseaux sociaux laissant entendre que la jeune femme avait reçu une assistance peu après sa chute. Mais sa sœur a démenti formellement. Selon elle, ces vidéos ont été « manipulées pour donner l’impression que Juliana avait été secourue », alors qu’en réalité, les sauveteurs n’avaient pas les équipements nécessaires – notamment des cordes suffisamment longues – pour descendre jusqu’à elle.

Mont Rinjani - Gunung Rinjani, volcan actif et champs de légumes à Sembalun Lawang, dans la province de Nusa Tenggara Ouest, sur l'île de Lombok, en Indonésie I Source : Getty Images
La visibilité était quasi nulle ce jour-là, rendant la progression encore plus périlleuse. Pour la famille, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un maquillage de la vérité. Une tentative désespérée, selon eux, de préserver l’image d’une destination touristique prisée, au détriment de la vie humaine.
Pour rappel, cette tragédie n’est pas un cas isolé. Depuis plus d’une décennie, le Mont Rinjani est le théâtre régulier d’accidents graves, parfois mortels. En mai dernier, un touriste malaisien de 57 ans a trouvé la mort en chutant lors de l’ascension. En 2022, un randonneur portugais a perdu la vie après avoir glissé d’une falaise au sommet du volcan. Et en 2012, l’Indonésie avait été endeuillée par un drame collectif : sept étudiants morts lors d’une randonnée organisée.
Les témoignages d’internautes sur des plateformes de voyage confirment la dangerosité des lieux. L’ascension, bien que réputée pour sa beauté saisissante, est exigeante physiquement. Les sentiers y sont abrupts, glissants, battus par des vents violents. Nombreux sont les voyageurs, même aguerris, à évoquer des conditions de marche extrêmes, un balisage insuffisant, et surtout une absence criante de dispositifs de sécurité. Aucun garde-fou sur certaines arêtes, peu de signalisation, et pratiquement pas de personnel qualifié pour intervenir en cas d’urgence.
Certains dénoncent une politique délibérée de minimisation des risques par les autorités locales. Leur crainte : que l’affichage des dangers réels nuise à l’attractivité touristique de la région.

Des officiers de l'armée de l'air brésilienne transportent le cercueil de la touriste brésilienne Juliana Marins après son arrivée à la base aérienne de Galeao, à Rio de Janeiro, le 1er juillet 2025. La touriste brésilienne Juliana Marins, âgée de 26 ans, est tombée dans un ravin du mont Rinjani, sur l'île de Lombok, en Indonésie, le 21 juin 2025, et a été retrouvée morte par une équipe de secours le 24 juin I Source : Getty Images
Face aux nombreuses zones d’ombre entourant le drame, la famille a officiellement demandé qu’une enquête soit menée sur le sol brésilien, afin de déterminer si le retard des secours indonésiens a contribué directement à la mort de la jeune femme. Car derrière l’émotion se cache une conviction tenace : Juliana aurait pu être sauvée.
Selon la presse brésilienne, le Bureau du défenseur public fédéral brésilien, saisi de l’affaire, a affirmé qu’il suivait l’affaire de très près et qu’il n’écartait pas la possibilité de saisir les juridictions internationales.
« Si une négligence des autorités indonésiennes est avérée, nous porterons l’affaire devant les tribunaux compétents », a déclaré l’un des porte-paroles.
Il s’agirait alors non seulement de rendre justice à Juliana, mais aussi de dénoncer un système qui, selon la famille, privilégie le tourisme au détriment de la sécurité.