
Pavel Durov (Telegram) : ce que l'on sait de ses 106 enfants qui se partageront son héritage — Photos
Le fondateur de Telegram, Pavel Durov lègue sa fortune équitablement à ses 106 enfants. Pour lui, tous sont égaux, sans distinction d’origine ni de statut. Cependant aucun ne touchera l’héritage que sous certaines conditions. Voici ce que l'on sait de sa petite tribu.
Derrière le mystère qui entoure le fondateur de Telegram, Pavel Durov, se cache une histoire étonnante, à la croisée des chemins entre vision d’entreprise, liberté personnelle et transmission générationnelle.
Cet homme discret, que beaucoup surnomment le « Mark Zuckerberg russe », est surtout connu pour avoir révolutionné les réseaux sociaux en Russie avec VKontakte avant de créer Telegram, l’une des applications de messagerie les plus utilisées au monde. Mais au-delà de ses innovations technologiques, son histoire personnelle, récemment dévoilée dans une interview accordée à Le Point, fascine tout autant.
Né en 1984 à Saint-Pétersbourg, Pavel Durov a toujours cultivé une image à contre-courant des milliardaires traditionnels. À seulement 22 ans, il fonde VKontakte, le “Facebook russe”, qu’il finit par vendre après avoir refusé les compromissions avec le pouvoir politique. Libre de toute attache, il se lance ensuite dans un projet qui deviendra un symbole mondial de la protection de la vie privée : Telegram.
Mais contrairement à l’image classique du magnat richissime, Durov n’a jamais cherché à accumuler des biens matériels. Dans son interview accordée à Le Point en juin, il a expliqué qu’il ne possédait quasiment rien. Il voyage léger, porte les mêmes baskets pendant plusieurs années et n’a qu’un seul costume officiel.
« Je ne possède ni maison, ni yacht, ni jet privé — même si j'en loue parfois —, et j'aime séjourner dans de beaux hôtels. Je pense que posséder des biens matériels peut me détourner de ma mission : développer Telegram. En octobre dernier, j'ai réalisé que je portais les mêmes chaussures depuis quatre ans (mes amis m'en ont offert une nouvelle paire pour mes 40 ans). Je n'ai qu'un seul costume, mais je porte la plupart du temps des vêtements de sport, généralement Adidas ou Nike », a-t-il affirmé.
L’argent ne l’intéresse pas pour ce qu’il procure, mais comme levier pour soutenir ses idéaux : « Telegram ne m’a jamais versé de dividendes et je n’ai pas de salaire », a-t-il assuré.
Aujourd’hui, sa fortune reste largement théorique et uniquement basée sur la valeur potentielle de Telegram. Sa véritable richesse liquide provient surtout de ses investissements précoces dans le Bitcoin. « Les médias estiment ma fortune entre 15 et 20 milliards de dollars, mais il ne s'agit là que d'une estimation théorique de la valeur potentielle de Telegram. Comme je ne vends pas Telegram, cela n'a aucune importance. Je ne dispose pas de cette somme sur un compte bancaire. Mes liquidités sont bien moins importantes et ne proviennent pas de Telegram, mais de mon investissement dans le bitcoin en 2013 », a-t-il expliqué.
Durov a par ailleurs mis en place un système pour garantir la pérennité et l’indépendance de la plateforme. S’il venait à disparaître, Telegram serait confié à une fondation à but non lucratif, chargée de perpétuer les valeurs fondamentales du service.
« Mon objectif est d'assurer la continuité de la plateforme : je souhaite qu'elle continue d'exister de manière indépendante, dans le respect de la vie privée et de la liberté d’expression », a-t-il souligné notant être conscient des risques liés à ses prises de position.
« Mon travail comporte des risques : défendre les libertés vous vaut de nombreux ennemis, y compris au sein des États puissants (…) Je veux que Telegram reste à jamais fidèle aux valeurs que je défends », a-t-il confié.
Son mode de vie spartiate contraste avec l’image qu’on se fait souvent des milliardaires high-tech. Mais la révélation la plus surprenante concerne sa vie familiale. Durov est père de… 106 enfants. Oui, vous avez bien lu : 106.
Si six d’entre eux sont officiellement reconnus, nés de trois partenaires différentes, la grande majorité est issue de dons anonymes de sperme effectués dans des cliniques spécialisées à travers le monde. « La clinique où j'ai commencé à donner mon sperme il y a quinze ans pour aider une amie m'a dit que plus de 100 bébés avaient été conçus de cette manière dans 12 pays », a-t-il déclaré.
Ce chiffre hors normes pourrait prêter à sourire ou à scepticisme, mais Durov l’assume avec philosophie. Pour lui, il n’existe aucune hiérarchie entre ses enfants « légitimes » et ceux issus de ses dons. Il refuse l’idée de créer des clivages ou des guerres d’héritage, précisant que son testament établit une stricte égalité entre chacun.
« Je ne fais aucune différence entre mes enfants : il y a ceux qui ont été conçus naturellement et ceux qui sont issus de mes dons de sperme. Ils sont tous mes enfants et auront tous les mêmes droits ! Je ne veux pas qu'ils se déchirent après ma mort », a-t-il dit.
Le leg de cet héritage sera, cependant, différé. Dans une volonté de transmission éducative, il a décidé que ses enfants n’auront pas accès à sa fortune avant 2055. « Je veux qu'ils vivent comme des gens normaux, qu'ils se construisent seuls, qu'ils apprennent à se faire confiance, qu'ils soient capables de créer, qu'ils ne dépendent pas d'un compte en banque », a-t-il précisé. Pas question donc de jeunes héritiers oisifs : chacun devra bâtir sa vie, trouver ses passions, ses combats, sans l’ombre écrasante de la fortune paternelle.
Si l’identité des 106 enfants de Pavel Durov reste largement méconnue — la plupart étant nés de dons anonymes à travers le monde —, quelques rares détails émergent grâce aux publications de son ancienne compagne, Irina Blogar. Sur son compte Instagram, elle a levé le voile sur leur vie commune et révélé l’existence de trois enfants qu’ils ont eus ensemble.
Avocate et passionnée de yoga, Irina a, selon son propre récit, rencontré Pavel Durov en 2012. Le couple a eu trois enfants. À cette époque, sa passion pour le yoga l’avait menée à cette rencontre inattendue avec le fondateur de VKontakte, encore à l’aube de son aventure Telegram.
Les premiers échanges sont marqués par une affinité immédiate. « Après notre première rencontre, nous avons convenu de nous revoir, unis par un intérêt commun pour le yoga », a-t-elle précisé dans un post sur Instagram. Peu à peu, leurs discussions s’élargissent à d’autres sujets. Ils passent de longues heures ensemble et nouent une profonde amitié.
L’amitié se transforme en amour lors d’un voyage. « À la fin de l’année 2012, Pavel m’a invitée à Dubaï pour passer les vacances d’hiver avec lui, un grand groupe de ses amis et des employés de VKontakte. » C’est là-bas que leur relation prend une tournure nouvelle : ils rentrent à Saint-Pétersbourg en couple, inséparables.
Ils s’installent dans un hôtel de luxe, avant d’embrasser une vie de nomades entre hôtels, voyages et appartements loués. « Nous avons vécu ensemble dans un appartement loué avec vue sur la cathédrale Saint-Isaac », se souvient-elle. C’est dans cette ambiance de liberté que naîtront trois enfants : Leia, Daniel et David.
Le fondateur de Telegram aurait, selon son ex-compagne, souhaité continuer à agrandir la famille jusqu’en 2021, juste avant leur séparation. Leur histoire commune s’étale sur presque une décennie, marquée par des séjours en Russie, en Suisse, aux Émirats arabes unis et dans de nombreux voyages.
Les photos de famille, prises entre 2013 et 2021 et partagées sur Instagram, témoignent d’une époque fondatrice dans la vie de Pavel Durov, tandis que ses autres enfants, dispersés aux quatre coins du monde, grandissent sans même pour certains connaître leur origine. Cela dit, ils héritent déjà, bien avant toute fortune, d’un legs bien plus précieux : celui d’une éthique, d’une vision du monde, et d’une incroyable histoire à raconter.
Lire également : Héritage Delon : un autre testament ravive les tensions familiales