
Un ex-agent de la DGSE visé par une enquête pour pédocriminalité transnationale
Un ancien officier de la DGSE est soupçonné d’avoir orchestré à distance des abus sexuels sur mineurs au Kenya. Reconverti dans la sécurité privée, l’homme aurait utilisé ses réseaux pour organiser ces actes, aujourd’hui au cœur d’une enquête pour traite d’êtres humains et pédopornographie.
À Strasbourg, l’arrestation d’un homme au parcours jusque-là exemplaire a jeté une ombre sur le monde feutré de l’intelligence et de la sécurité privée. Claude G., ancien officier du prestigieux service action de la DGSE, est au cœur d’une enquête judiciaire d’une extrême gravité. L’homme, aujourd’hui quinquagénaire, aurait, selon des sources proches de l’enquête relayées par Le Parisien, orchestré à distance des actes d’abus sexuels sur des mineurs dans un contexte transnational.

Des agents de sécurité gardent le siège de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l'agence française de renseignement extérieur, à Paris, le 4 juin 2015 I Source : Getty Images
Ancien militaire ayant servi près de vingt ans dans l’armée de terre avant d’intégrer les rangs de la Direction générale de la sécurité extérieure, Claude G. jouissait d’une réputation solide dans les milieux de la défense. Durant onze années, il a mené des opérations sensibles à l’étranger, notamment sur le continent africain, dans le cadre de missions classées parmi les plus confidentielles de l’État français.
Après avoir quitté le service actif, l’ancien officier a poursuivi sa carrière dans le privé. Il s’était alors reconverti en consultant en sécurité, proposant ses compétences à des entreprises opérant dans des zones à haut risque. Formation antiterroriste, protection rapprochée, conseil en prévention des risques ou encore lutte contre la piraterie maritime faisaient partie de son offre de services, selon son parcours professionnel.

Deux agents interraciaux du FBI montrant des informations personnelles sur un chef de gang tout en discutant de profils criminels dans le cadre d'une enquête I Photo d'illustration I Source : Getty Images
Mais derrière cette image d’expert chevronné, les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences faites aux mineurs (Ofmin) soupçonneraient l’homme d’avoir mis en place un réseau d’abus sexuels impliquant des enfants, principalement en Afrique. Les faits, s’ils étaient avérés, relèveraient de la traite d’êtres humains aggravée, de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs, ainsi que de la diffusion d’images pédopornographiques.
Les investigations en cours s’appuient notamment sur des éléments numériques compromettants. Des vidéos d’abus sur mineurs auraient été retrouvées, certaines filmées en direct. Claude G. aurait assisté à ces scènes à distance, après avoir, toujours selon les enquêteurs, commandité leur mise en œuvre. Les agissements présumés auraient eu lieu au Kenya.

Un pirate informatique utilise un ordinateur portable I Photo d'illustration I Source : Getty Images
Des transferts d’argent significatifs auraient également été détectés, laissant penser à un nombre de victimes potentiellement élevé. Si les enquêteurs se concentrent pour l’heure sur l’hypothèse d’un acte isolé, des interrogations subsistent quant à d’éventuels abus commis directement par Claude G. lors de ses déplacements à l’étranger.
Pour l’heure, aucun lien n’a été établi entre cette affaire et l’existence d’un réseau structuré en France. L’enquête semble cibler l’action individuelle de l’ancien militaire. Cette prudence s’explique aussi par le contexte médiatique et numérique, dans lequel des théories complotistes sur la pédocriminalité se répandent régulièrement.
L’enquête se poursuit sous l’égide de la justice française, et les conclusions définitives dépendront de l’analyse des preuves, des témoignages et des résultats de coopération internationale. En attendant, la présomption d’innocence reste de mise.